avec un charmant sourire, où se lisait une sorte de reconnaissance pour les mœurs de bonne compagnie du jeune Français.
— Non, il m’en aurait fallu trop, répondit-il avec un regard très-expressif.
— Il fait si beau ! reprit-elle hypocritement, en baissant les yeux.
Camille soupira profondément. Il y eut un instant de silence qui embarrassa la jeune fille. Elle se remit à marcher, et Camille la suivit. Claire attachait ses yeux sur la prairie tout en fleurs, où étincelaient et bourdonnaient les insectes, et, respirant à pleine haleine l’enivrant parfum des tilleuls, elle sembla de ses lèvres roses et candides exhaler le bonheur, en disant :
— Quelle magnifique journée !… Et quel beau ciel ! ajouta-t-elle encore en regardant les nuages épars sur le vaste fond bleu.
— Oh ! je n’aime pas, s’écria Camille, ces ciels d’été avec leur éternel sourire suspendu. Ne trouvez-vous pas qu’ils semblent nous narguer quelquefois ?
— Mais non ! dit la jeune fille étonnée.
Avec ce dogmatisme religieux dont l’éducation protestante est imprégnée, elle ajouta :
— Ils me sembleraient plutôt comme un reflet de la bonté suprême de celui qui veille sur nous.
— C’est que vous êtes heureuse, vous, et nullement disposée à souffrir, dit-il avec amertume.
— Mais vous, monsieur Camille, vous avez quelque chose, quelque ennui, certainement ?
— Oui, répondit-il.
— Et… puis-je vous demander ? reprit-elle en hésitant.
— Jamais je ne raconte mes chagrins, mademoiselle.