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UN DIVORCE

petite, argentine et sautillante, chacune à sa manière, annonçant l’heure, plus diverse encore dans ses significations pour ceux qui l’écoutent.

— Il est dix heures, dit Claire, et nous sommes le 25 août. Fernand vient d’avoir quatre mois. M. Desfayes s’arrêta un peu.

— C’est vrai, dit-il, et le voilà qui devient fort. Il a été tout aujourd’hui plein de bonne humeur et d’intelligence. As-tu vu comme le grand-père s’émerveillait quand Fernand tendait à table sa petite main ?

— C’est que vraiment il est étonnant pour son âge ! répondit Claire, en appuyant son bras sur le bras de son mari. Et curieux ! Il veut tout savoir. Quand il aperçoit un objet nouveau, as-tu remarqué comme il s’agite, comme il s’élance ? Il faut absolument qu’on l’en approche ; et alors il regarde avec une telle attention !… Tantôt, dans la cuisine, il a levé le couvercle de tous les plats. Sa grand’mère en était dans l’admiration. T’ai-je dit qu’hier il a cassé la grande soupière ? ajouta-t-elle avec orgueil.

Ferdinand se mit à rire, et, serrant la main de sa femme :

— Et tu ne l’as pas grondé ?

— Non, j’ai failli, au contraire, l’étouffer de baisers. Une main si petite ! Je ne l’aurais jamais cru si fort !

— Avec cela il te donne encore extrêmement de peine, dit Ferdinand, en pressant le bras de sa femme contre sa poitrine.

Il ne s’avisait point, à l’ordinaire, de s’inquiéter de cela.

Elle répondit : — Il y a tant de joie pour moi dans cette peine, qu’il ne faut pas trop me plaindre. J’aime au contraire qu’il en