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UN DIVORCE

de Claire battait avec force dans sa poitrine et ne demandait qu’à croire. Mais, d’un autre côté, le doute, qui avait désormais envahi sa jeune âme, l’agitait de ses tourments.

Anna, M.  et madame Grandvaux, les avaient quittés. Elle marchait sur la route, silencieuse, à côté de Ferdinand, Louise portant devant eux l’enfant endormi. La lumière de la lune, qui les éclairait, idéalisait encore la figure triste et mélancolique de Claire. Ferdinand, rêveur, la regardait.

De petits détails, qui l’avaient d’abord peu frappée, se retraçaient au souvenir de Claire en ce moment. L’autre jour (c’était peu de chose, mais une attention pareille n’était pas ordinaire chez Ferdinand), comme elle avait l’enfant sur ses genoux, il avait pris un tabouret et l’avait mis sous les pieds de sa femme.

Hier, en embrassant Fernand, il avait appuyé la tête sur le sein de la mère, comme par mégarde ; mais il était resté ainsi quelques instants. Et puis, sa manière d’être avait changé. Il n’était plus dur, impérieux ni insultant ; ainsi que le disait madame Grandvaux, il était triste. Oui, déjà depuis plusieurs jours, elle l’avait bien remarqué, et cela l’avait touchée ; mais le doute combattait encore l’attendrissement.

La journée avait été brûlante ; l’air, encore tiède, était rempli de légers parfums et d’harmonies vagues. Il ne semblait y avoir nulle part, au sein de ce calme, sous ces clartés molles et tranquilles, place pour des découragements et des tristesses, et la voix qui osait s’élever au milieu de ce beau silence prenait des accents émus.

Un premier son vibrant retentit, et successivement toutes les horloges de la ville sonnèrent, les unes d’un ton grave, les autres d’une voix claire et vive, une plus