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UN DIVORCE

— Je croyais que vous entendiez mieux la plaisanterie, répondit Étienne en revenant vers elle, un peu déconcerté.

— Vous avez du noir à votre pantalon et à vos mains, dit madame Fonjallaz en riant. Eh ! que je me sauve d’ici ! Vite, donnez-moi mon pot de cirage. Mon cher, vous êtes dans le noir jusque par-dessus la tête, et j’ai bien peur que vous n’y restiez.

Elle se heurta, en sortant, contre Jenny, qui, dans ses habits des dimanches, bien débarbouillée, était presque méconnaissable. La bonne fille venait aussi demander du cirage, et apportait une petite lettre, qu’elle remit à Étienne. Il rougit en reconnaissant l’écriture d’Anna.

« Mon cousin, je crois devoir te prévenir qu’après deux ou trois applications de ton cirage, tous nos souliers sont devenus rouges. Cela me fait beaucoup de peine. Quant au vernis, il est meilleur, mais il ne luit presque point. Peut-être y a-t-il une manière de l’employer que nous ne connaissons pas et qu’il faudrait indiquer sur l’étiquette. Tu ferais bien, je crois, de consulter un chimiste, et je suis sûre que M. Bachot, qui est aussi obligeant qu’instruit, consentirait à te donner des conseils. Fais-moi savoir par Jenny si tu reçois des commandes et si tu espères que tout ira mieux. Je te désire succès et courage de tout mon cœur.

« Ton amie,
« Anna. »

Étienne resta quelques minutes silencieux et absorbé. Puis il remit à Jenny un nouveau pot de cirage avec certaines recommandations.

Pendant tout ce temps, la bonne fille, embarrassée de