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UN DIVORCE

lui remit son dessin, esquisse légère, mais charmante de vérité, qui représentait Claire avec son enfant. Madame Renaud en jeta des cris d’enthousiasme et dit que c’était parfait.

— Non, répliqua vivement Camille ; tout ce qui est inimitable, je n’ai pu le rendre.

Sous le regard enthousiaste du jeune peintre, Claire rougit, en même temps que madame Renaud se récriait sur la galanterie des Français. De retour chez elle, en passant devant une glace, la jeune femme s’y regarda, et vit qu’en effet elle était redevenue belle. Cela lui saisit le cœur.

Sans trop savoir pourquoi, elle eut envie de pleurer, et, prenant son enfant dans ses bras, elle l’embrassa plus passionnément qu’à l’ordinaire.

Par un beau soir de juillet, comme elle allaitait le petit Fernand, près de la fenêtre ouverte du salon, en regardant les dernières lueurs du jour décroître sur la dent d’Oche, Ferdinand rentra. Il ne dit rien à sa femme, selon l’ordinaire ; car il y avait longtemps que s’était effacée entre eux l’habitude d’échanger un baiser à chaque départ et à chaque retour ; mais il s’assit dans un fauteuil, en face d’elle.

Claire, plongée dans une rêverie, que nourrissaient les harmonies répandues autour d’elle, s’apercevait à peine de la présence de son mari. Un reflet du couchant éclairait son beau visage, et son sein blanc éclatait sous la mousseline, dont il n’était couvert qu’à demi.

Ferdinand alla se placer derrière la chaise de sa femme et se mit à agacer le petit Fernand.

L’enfant se trouvait de belle humeur ; il répondit par des sourires, toucha de sa petite main le visage de son père, et voulut bien se laisser embrasser par lui.