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UN DIVORCE

sible. Ses yeux cherchaient quelque chose. Au bout d’un instant :

— Étienne, as-tu vu Ferdinand ? demanda-t-elle.

— Non, je le croyais avec vous.

— Il nous a quittés depuis près d’une heure, dit Claire.

— Oh ! il n’y a pas si longtemps ! s’écria Fanny. Je pense que vous n’êtes pas inquiète de votre mari, ma chère. Soyez tranquille, il se retrouvera.

— Je crois qu’il est aux danses, dit Renaud.

Cependant les tables se garnissaient, car l’heure de la collation était venue. M. Grandvaux rejoignit ses filles, et l’on se fit servir du veau froid, du fromage et du vin blanc. La plupart des convives prenaient le café au lait, aliment qui constitue généralement le déjeuner, la collation et le souper des Suisses.

Entre les différents groupes, où se trouvaient des gens de connaissance, des communications s’établirent, et, tombant sur la politique, la conversation devint générale. On s’échauffa. Une demi-heure ne s’était pas écoulée que le père Grandvaux, montant sur son banc, prononçait un discours peu cohérent, mais extrêmement patriotique, et qui fut très-applaudi ; car les habitudes démocratiques du pays ont extrêmement vulgarisé l’art oratoire.

— Veux-tu me donner le bras, Étienne ? Nous ferons quelques tours dans la prairie, dit Claire à son cousin. Ce bruit me fatigue.

— En effet, ma pauvre cousine, tu as l’air de beaucoup souffrir.

Mais, au lieu de s’écarter tout d’abord de la foule, Claire fit le tour des tables, en examinant tous les convives, et Étienne vit bien qu’elle cherchait son mari. Il lui offrit alors d’aller visiter l’intérieur des cafés abrités