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UN DIVORCE

— Tu as tort, dit-il sèchement ; il faut toujours accepter une réconciliation franchement offerte. Le moment passé, on ne sait s’il reviendra.

— J’accepte ta promesse de ne plus retourner dans cette maison, reprit la jeune femme avec effort.

— À la bonne heure ! et maintenant plus de reproches, plus de larmes ! dit-il en se rasseyant auprès d’elle. Ton chagrin m’est très-pénible. Je ne veux plus te voir souffrir ainsi. Ne comprends-tu pas que je tiens à toi bien plus qu’à cette femme ? Allons, désormais c’est fini. Embrassons-nous.

Il la prit en même temps dans ses bras, et Claire n’osa le repousser ; mais elle éprouva un serrement de cœur si vif qu’il eût pu la voir pâlir. Cependant il ne s’en aperçut point et lui donna plusieurs baisers.

— Maintenant, poursuivit-il en cherchant à l’entraîner, viens ; il faut te mettre au lit ; tu as besoin de repos.

Mais, tremblante, elle se rejeta sur le canapé en balbutiant :

— Je serai très-bien ici… avec une couverture… je serai très-bien ici…

Ferdinand, qui avait encore le bras passé autour d’elle, le retira d’un mouvement brusque, et, poussant un éclat de rire saccadé :

— Ah ! tu veux faire de ces bêtises-là ! Ah ! tu le prends sur ce pied ! Ma foi ! ce sera plaisant !

En jurant, il mit son chapeau et se dirigea vers la porte.

— À ton aise, ma chère. Tu pourras faire ce qui te plaira ; je ne rentrerai point.

Toute cette colère terrifia la pauvre femme. Elle craignit une rupture complète ; puis elle fut prise de la peur du scandale, qui chez les femmes domine tout. M. Des-