Page:Léo - Un divorce, 1866.pdf/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.
182
UN DIVORCE

Elle se leva sans répondre et alla s’étendre sur le canapé.

Quand M. Desfayes eut achevé son repas, il vint s’asseoir près de sa femme, et voulut prendre sa main, qu’elle retira.

— Voyons, Claire, dit-il, pardonne-moi.

Elle fut vivement touchée de cette parole humble qu’il prononçait pour la première fois, et fondit en larmes.

— Ah ! Ferdinand ! Les sanglots lui coupèrent la voix. Puis elle répéta encore : — Ah ! Ferdinand !

Il rougit sous ce reproche, qui d’un seul mot et d’un seul accent rappelait leur amour et sa trahison.

— Je suis désolé, je t’assure, dit Ferdinand, de t’avoir si vivement affligée. C’est fini ; désormais, je ne remettrai plus les pieds chez cette femme ; je te le jure. Pardonne-moi, et soyons unis comme auparavant !

— Comme auparavant ! répéta-t-elle, comme auparavant !

— Oui, pourquoi pas ? Voyons, ne me repousse pas. Ne fais pas l’enfant. Je reconnais mes torts et je les répare ; que veux-tu de plus ?

Elle n’aurait su le dire en effet ; car ce qu’elle eût voulu, c’était l’impossible.

— Je ne puis oublier, dit-elle d’une voix à peine distincte.

— Il ne s’agit pas de cela, reprit-il avec un peu d’impatience ; il s’agit d’être raisonnable. Une honnête femme doit fermer les yeux sur les fautes de son mari. Une femme sage doit accepter ses excuses, quand il en veut bien faire, et, de ce moment, revenir à lui sans arrière-pensée et sans vaines récriminations.

Claire le regardait avec une sorte d’hébétement, ne sachant que lui répondre, surprise d’avoir à répondre là-