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UN DIVORCE

nêtres avaient vue sur la chambre de Maëdeli, elle en instruisit aussitôt Mathilde, qu’elle aimait à humilier des fautes de son frère.

Mathilde ne pouvait descendre jusqu’à interroger Étienne sur de telles amours ; mais par la gêne de sa contenance à de certaines allusions, elle le devina coupable, et l’écrasa de son mépris.

Quant à Anna, suspendant toutes ses facultés dans l’attente, elle laissa s’écouler le temps autour d’elle jusqu’au dimanche suivant, où elle se croyait sûre de voir enfin Étienne et d’apprendre les motifs de son absence. Le jour tant désiré arriva enfin, et elle attendit impatiente, le visage éclairé de douces lueurs. À deux heures, quelqu’un se montra dans l’avenue. C’étaient M.  et madame Desfayes. La tante Charlet vint ensuite, puis personne. Où était-il ? Que signifiait ?… Mais qu’était-il donc arrivé ?…

— Il se porte bien, dit la tante Charlet d’un ton maussade, mais péremptoire.

Les heures s’écoulèrent, et le soir vint. On se mit à table pour souper.

C’était donc bien certain ; il ne viendrait pas ; mais c’était un abandon !

Et les idées de la pauvre enfant se troublaient, et elle ne savait plus ce qu’il y avait de réel ou de fantastique au monde.

Chose étrange ! nul autre qu’elle ne semblait s’apercevoir de l’absence d’Étienne ; on ne parlait pas de lui.

— Anna ! comme tu es pâle ! dit Claire tout à coup.

— C’est vrai, s’écria madame Grandvaux, qu’as-tu donc ?

Leur adressant un tendre sourire à l’une et à l’autre, la chère fille avoua qu’elle n’était pas bien.