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UN DIVORCE

— Ce n’est pas possible, ma chère enfant ; je n’ai pas besoin de toi.

Elle baissa tristement la tête.

Après quelques minutes d’entretien, Étienne attendit qu’elle s’en allât ; mais elle semblait n’y pas penser le moins du monde, car elle se mit à regarder et à toucher tous les objets de la chambre, en s’informant de leur nom et de leur usage ; et, quand elle eut fini cette inspection, elle vint à la cheminée près de lui, s’agenouilla devant le feu, et tout à coup, appuyant ses deux mains jointes sur les genoux d’Étienne, elle se laissa tomber assise à ses pieds, les yeux attachés sur lui.

La première impression du jeune homme fut d’être choqué de cette action ; mais Maëdeli l’avait faite avec tant d’abandon et de naturel, son sourire exprimait tant de candeur, et, pour tout dire, elle était dans cette pose si gracieuse et si jolie, qu’il ne trouva pas le courage de se fâcher.

Elle le regardait toujours de ses yeux bleus, si éclatants et si tendres qu’il baissa les siens. Qu’avait-elle à le regarder ainsi ? Eh bien ! évidemment, c’est qu’elle était très-reconnaissante, et, comme il avait toujours eu l’émotion facile, ce bon Étienne, il se sentit très-ému. Cependant il se leva, et, repoussant les mains de la jeune fille, il lui dit :

— Il faut t’en aller maintenant, ma bonne Maëdeli, madame Fonjallaz a besoin de toi.

Elle soupira sans répondre, mais se leva pour obéir ; et comme, sans trop penser à ce qu’il faisait, il lui tendit la main, elle la prit et la baisa.

— Je reviendrai vous voir, dit-elle.

— Non vraiment, répondit le jeune Sargeaz, mais avec beaucoup de trouble, car il souffrait de repousser une