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UN DIVORCE

trouve cela adorable. Moi je lui dis, pour l’amuser, tout ce qui me passe par la tête, et il trouve tout charmant.

— Ferdinand n’est pas comme cela, ma chère, car il s’inquiète beaucoup de me voir maigrir. Il veut toujours que je consulte le médecin, mais cela m’ennuie, et je suis bien sûre que les remèdes ne me feraient rien.

— Hier, ma chère, Adolphe m’a fait cadeau d’un superbe géranium. J’aime beaucoup les géraniums.

— Oh ! moi, je préfère les roses ; c’est si beau !

— J’aime aussi les hortensias ; c’est une fleur très à la mode ; j’en mettrai dans mon jardin. Je trouve qu’une femme doit vivre au milieu des fleurs ; c’est Adolphe qui dit cela, et c’est vrai. J’aurai des fleurs dans ma chambre tout l’hiver. Enfin, c’est pourtant une chose indigne ! tu ne m’as pas encore fait compliment de mon mantelet neuf, moi qui étais si contente de le mettre pour venir chez toi !

— Mais, en effet, il est charmant. Où l’as-tu acheté ?

— Il vient de Paris, et c’est un cadeau d’Adolphe. Je suis vraiment trop heureuse, ma chère, d’avoir un pareil mari ! Je vais aussi m’acheter une robe, mais je ne sais pas encore de quelle couleur.

— Oh ! moi, j’ai assez de robes ; et ce n’est pas dans ce moment…

— Ça m’en fera quatre jolies pour l’hiver. N’est-ce pas assez pour le monde qu’on voit ? Tu sais, ma robe de soie noire, ma robe de drap gris, celle que j’ai sur moi, et celle que j’achète. Alors…

— Moi, avec ma robe de moire grise, j’en ai cinq ; mais celle-là se porte si rarement !… Je veux seulement acheter un fichu de dentelle noire, pour cacher un peu ma taille.

— Oh ! moi, j’en ai un ; mais je pourrais en avoir