CHAPITRE VIII
Quand Étienne eut parlé de la jeune heimathlose à sa sœur et à sa tante, qui l’attendaient en soupant, la dernière se répandit en exclamations :
— On n’avait jamais vu pareille chose, et elle ne concevait pas qu’on pût avoir l’idée de recueillir une coureuse de grands chemins ! Ce n’était pas pour lui faire un reproche, mais il fallait avouer que ce pauvre Étienne ne pouvait commettre que des étourderies, même quand il avait l’intention de bien agir ; car il se trouvait pourtant dans la ville assez de gens honnêtes qui avaient besoin, sans aller chercher des pauvres sur la grande route.
— Mais, ma tante, dit le jeune homme, dont l’enthousiasme commença de se déconcerter, il me semble que cette fille-là, puisqu’elle est pauvre et malheureuse, a autant de droit qu’une autre à l’intérêt.
— Pas du tout, mon neveu ; on se doit aux siens avant tout. Les bons ont apparemment plus de droit à être secourus que les mauvais, et on sait bien que ces heimathloses sont des espèces de païens.