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que la propreté. Auparavant, dans ses vieux habits, on ne se doutait pas qu’elle était jolie.

Jolie ! elle, Marinette ? Combien elle fut étonnée de ce mot-là ! Était-il possible que cette pauvre petite Marinette, elle-même, pût être jolie ? Est-ce qu’elle deviendrait donc, un jour, comme les autres, une femme ?… Elle n’osait trop le croire ; mais afin de savoir si Joseph avait dit cela pour rire ou pour tout de bon, elle se regardait souvent au miroir, et son cœur se gonflait d’espérances vagues. À partir de ce jour, seulement, l’avenir prit place dans sa vie.

Elle prit le goût du travail, devint soigneuse et délaissa ses petites campagnes et leurs jeux écervelés. Quand elle n’avait plus rien à coudre ni à laver, quelquefois elle allait seule, en haut du champ, s’asseoir sur l’herbe ou sur quelque pierre ; là, regardant le ciel, les nuages, elle se mettait à chanter, doucement d’abord, puis de toute sa voix. On l’entendait de loin, et l’on se taisait pour l’écouter.

Quand Marinette fut ainsi devenue proprette et rangée, la mère Cadron l’engagea à se mettre, pendant le jour, au service d’une maîtresse d’école de la rue de la Santé, qui avait besoin d’une petite fille pour l’aider à son ménage.

André LÉO

(La suite à demain.)