Aussi fut-elle douloureusement frappée quand il lui dit :
— Abandonne-moi ; tu feras mieux ; je te cause trop de chagrins.
Elle n’eût pas même voulu que cette idée lui pût venir ; mais elle se dit ensuite que c’était un sublime sacrifice qu’il voulait faire et ne l’en trouva que plus grand.
À partir de ce moment, elle cacha les regrets et les remords qui lui rongeaient le cœur, et s’étudia, près de son amant, à paraître heureuse.
Cependant de nouvelles peines, vagues et importunes comme le doute, assaillirent bientôt Marie. Le vicomte devint moins assidu près d’elle ; il venait moins souvent ; il fit un voyage ; même étant à Paris, quelquefois un jour, deux jours s’écoulaient sans qu’elle le vît. Il donnait pour cela de très bonnes raisons, mais comme elles se répétaient sans cesse, l’idée vint à Marie que ce pouvaient être des prétextes et, à partir de ce moment, elle n’eut plus de repos. La persuasion seule que cet amour était irrésistible et devait être éternel, l’avait poussée à sa faute et la soutenait dans ses remords. Mais, si Charles était capable de ne plus l’aimer, elle n’avait plus de justification ; tout élément de bonheur s’effaçait de sa vie, tout lui manquait.
Ce doute lui était insupportable ; il devint plus vif chaque jour, et bientôt elle passa le temps des absences de Charles à l’accuser et à pleurer. Il la rassurait ensuite ;