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avec des baies de lierre ou d’églantine : de changer subitement, par la toute-puissante baguette de la fée Imagination, tel buisson en un palais, ou de monter en un clin d’œil, entre deux racines d’arbres, à l’aide de feuilles ou de cailloux, des boutiques aussi bien approvisionnées que le Palais-Royal ou les Halles. Du moins l’assuraient les petites marchandes, bien que ces lieux ne leur fussent connus que de nom, comme tant d’autres choses.

À côté du bouge que Marinette et son père habitaient, dans une autre chambre presque aussi pauvre, vivait la veuve Cadron, cardeuse de matelas, avec son fils Joseph, âgé de quinze ans.

Joseph était un grand garçon de figure fraîche et rose, que sa mère tenait propre comme un bourgeois ; il apprenait la profession de menuisier-ébéniste, et partait chaque matin de bonne heure pour se rendre chez son patron, où il restait jusqu’au soir. Mais, que ce fût soir ou matin, il passait auprès de Marinette sans lui dire bonjour et même sans la regarder.

Un jour que la petite fille était assise au bord du champ de poussier, et que Joseph passait ainsi devant elle en fredonnant, elle prit une pierre et la lui lança de toutes ses forces.

La pierre atteignit Joseph dans le dos et lui fit mal.

Il se retourna, vit Marinette qui prenait la fuite, courut après et l’atteignit en quelques