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d’abord la puissance de ses facultés natives. Tout en vantant la merveilleuse souplesse, le timbre, l’étendue de sa voix, les critiques avaient dit : Elle se formera.

Elle ne se forma point.

Elle avait bien çà et là des éclairs de passion quand le chant exprimait des situations qu’elle avait trop bien connues ; mais elle ne savait point préparer d’effets : en tout, la méthode et l’art manquaient. On finit par la trouver fade et trop villageoise ; les critiques devinrent sévères pour elle de plus en plus, et tous leurs jugements avaient à l’Opéra, parmi les rivales de Marie, de longs et bruyants échos.

Six mois s’étaient écoulés depuis l’absence de Joseph, quand un jour un inconnu se présenta devant Marie, au nom de M. Joseph Cadron.

Et, comme à ce nom, Marie, éperdue, n’écoutant que les souvenirs de son affection pour son mari, fondait en larmes et le pressait de questions, il l’informa que Joseph avait gagné la confiance d’un riche négociant, dont il était devenu le principal employé, qu’il jouissait de beaux appointements, et désirait avoir ses enfants avec lui pour leur donner les soins et l’instruction qui leur étaient nécessaires.

— Madame, ajouta cet homme en voyant pâlir Marie, je ne me serais pas chargé d’une commission aussi dure, si je n’avais à vous dire, qu’il dépend de vous de suivre vos enfants et de revenir habiter chez votre mari.