Page:Léo - Les Désirs de Marinette.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

céda.

Marie croyait trouver dans l’amour de cet homme des délices inconnues aux autres amants. Moins heureuse que Psyché, quoique non moins curieuse, elle ne découvrit point d’ailes à son amant. Peu à peu, dans leur intimité plus étroite, alla s’affaiblissant le prestige dont elle-même l’avait entouré. Mais elle restait attachée à lui par ce grand sacrifice qu’elle lui avait fait de son honneur et de sa conscience. Il fallait que cet amour désormais fût tout pour elle, et elle s’y rattachait comme au seul appui qui lui restât. De temps en temps elle se rappelait à elle-même que Charles était un être supérieur à tous les autres, et ne voulait point abandonner cette excuse, la seule qu’elle eût.

Pour ses enfants, dont elle craignait les reproches plus tard, et qui souvent lui demandaient leur père, elle les comblait de joujoux et de caresses ; mais, absorbée d’un côté par son amour, et de l’autre par son art, elle ne pouvait s’occuper d’eux d’une manière efficace, et se bornait à demander souvent à leur bonne s’ils avaient bien dormi, bien mangé, bien joué, s’ils étaient sages, questions auxquelles la bonne accordait toujours des réponses satisfaisantes.

Au milieu de tant de préoccupations et de chagrins, l’art avait été fort négligé par Marie et l’était encore. Et cependant, après des études trop hâtives, ce n’était que par un travail âpre et soutenu que Marie eût pu se maintenir à la place où l’avait portée tout