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— Vous avez raison, lui dit après l’avoir entendue son nouvel ami. Vous ne pouvez plus habiter chez votre femme ; mais vous ne pouvez pas abandonner vos enfants. Il faut vous mettre en état de veiller sur eux. Je suis négociant à Paris, rue du Mail, où j’ai une maison de gros considérable. Il me faut un homme de confiance ; vous viendrez chez moi. Vous serez vite au fait de mes affaires, qui ne sont point embrouillées. Un homme de cœur est toujours un honnête homme. Je m’estime très heureux de vous avoir rencontré.

Au bout de quelques jours, Marie comprit enfin que Joseph l’avait abandonnée. Elle avait d’abord été désolée du chagrin qu’elle venait de lui causer, inquiète jusqu’à le chercher elle-même, au hasard, et follement. Elle avait eu le courage de visiter la Morgue ; elle s’était adressée à la police en pleurant ; mais enfin, persuadée par toutes les probabilités et surtout par son amant que Joseph l’avait simplement abandonnée, sans explication, elle se crut le droit de lui en vouloir.

Se retranchant dans ce peu qui lui manquait pour être la maîtresse du vicomte, elle accusa Joseph d’injustice envers elle, et de plus d’orgueil que d’affection. Elle souffrit que M. de Villegard l’assurât que désormais elle était libre, et quand, plein d’irritation, et presque découragé des refus de la jeune femme, il fut malade et garda la chambre pendant trois jours, folle d’exaltation et d’inquiétude, elle crut qu’il allait mourir et lui