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tre les enfants. Les deux ensemble avaient été jusque-là son bonheur, toute l’unité de sa vie ; et maintenant ces deux amours, nés l’un de l’autre, se contredisaient en lui. Tantôt Marinette lui hachait le cœur et tantôt il entendait les petits qui l’appelaient avec leurs mains potelées tendues vers lui.

Auguste, l’aîné, demandait sans doute où était son père en ce moment, et comme il était déjà si intelligent et si raisonnable, il ne se contentait pas des réponses qu’on lui faisait ; et la fillette, la jolie Marion, comme elle secouait sa petite tête d’un air entendu en disant : Je sais bien que papa viendra, mais je veux voir papa tout de suite, moi. Est-ce qu’elle allait être élevée à l’Opéra, sa fille ? Ô mon Dieu ! on la trouvait déjà si souple et si gentille ! on la ferait danser peut-être, et alors, elle aussi, ferait plus tard le chagrin d’un honnête homme… ou de plusieurs. Non il ne le voulait pas, il empêcherait cela. Et le petit Jacques, il avait oublié de le dire à Marinette, cet enfant-là demandait beaucoup de soins.

Depuis quelque temps, il n’était pas bien ; un rien le fatiguait ; il ne mangeait plus. Ces bonnes le feraient tomber malade tout à fait. Il aurait dû emmener celui-là peut-être…

Depuis que le bon Joseph s’occupait de ses enfants, il avait pris pour eux un vrai cœur de mère.

Il y eut un mouvement dans le wagon ; des gens sortirent et d’autres entrèrent. On heurta Joseph si fort, qu’il sortit un peu de son triste