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tous deux comme vous êtes ensemble. S’il ne s’agissait que de moi, je serais déjà parti, et ne t’aurais point ennuyée de mon chagrin ; mais nous ne sommes pas seuls, tu vois ; ces pauvres petits-là ont besoin de leur père et tu ne voudrais pas non plus t’en séparer, n’est-ce pas ?… il y a quelques mois nous faisions encore de si beaux projets pour eux, te rappelles-tu ?

Tant de douceur et de tendresse émurent vivement la jeune femme. Elle se jeta dans les bras de son mari, pleura beaucoup et promit en sanglotant d’éloigner le vicomte.

— Oui, dit Joseph, car lui et moi nous ne pouvons pas, nous ne devons pas être ensemble auprès de toi.

Mais cette promesse, arrachée par le devoir, désespéra Marie, dès que seule avec elle-même elle envisagea les douleurs de cette rupture. Le sentiment de cet amour, si haut placé par elle qu’elle en avait fait son seul idéal, reprit le dessus, et le cœur lui manqua pour rompre avec Charles.

Ce ne fut point avec une douloureuse décision qu’elle lui parla, mais en tremblant et comme effrayée de ses paroles ; aussi n’eut-il point de peine à la convaincre qu’un amour chaste et profond comme celui qu’ils avaient l’un pour l’autre était supérieur au devoir même, et ne se résignèrent-ils qu’à être prudents, Marie exigea que le vicomte ne vînt plus à Sceaux ; ils ne devaient se revoir qu’à Paris, furtivement.

Elle le voulait, du moins, espérant accor-