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Il hésita quelque temps ; un matin enfin qu’en l’absence du vicomte, assise sur un banc du jardin, Marie rêvait à lui, sans voir les gentillesses des enfants qui jouaient à ses pieds, sans même entendre les paroles que son mari lui adressait, Joseph lui prit la main et, d’une voix tremblante :

— J’ai quelque chose à te dire, Marie, tâche de m’écouter.

Et comme elle le regardait enfin attentive :

— Tu aimes le vicomte de Villegard, ajouta-t-il avec effort.

Marie jeta un cri ; elle croyait encore son secret caché dans son cœur ; puis elle essaya de nier ; mais comme elle était confuse :

— Tu m’avais tant dit que tu ne voulais point ressembler aux autres actrices, reprit Joseph. Et maintenant…

Il s’arrêta : c’était lui qui avait l’air d’être le coupable ; il était plus pâle que Marie et tremblait.

— Je suis honnête femme, répondit-elle vivement.

— Je le crois, dit Joseph, sans relever tout ce qu’il y avait à dire là-dessus et qu’il sentait bien ; mais je serai seul à le croire, sois-en bien sûre. En te voyant accueillir cet homme comme tu le fais, on ne doutera pas…

— Oh ! pour cela… nous sommes seuls ici…

— Je sais que tu m’oublies, reprit-il d’un accent navré ; mais, Marie, je suis là et je ne peux pas te dire ce que je souffre à vous voir