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Joseph installa sa femme et ses enfants dans une jolie maisonnette, aux environs de Sceaux, et revint à Paris pour régler une affaire.

Le lendemain de cette absence, à peine un premier rayon de soleil venait-il jouer au plafond de la chambre de Marie, qu’une harmonie éclatant sous sa fenêtre, la réveilla. C’était un chœur de harpes, de flûtes et de violons, chantant la Symphonie pastorale de Beethoven. Un silence de quelques instants suivit ce morceau ; puis une voix que Marie connaissait bien, s’éleva, doucement accompagnée par les instruments, et chanta sur un air harmonieux et tendre cette autre mélodie parlée de Victor Hugo :

    L’aube naît, et ta porte est close,
    Ma belle, pourquoi sommeiller ?
    À l’heure où s’éveille la rose,
    Ne veux-tu pas te réveiller ?
        Ô ma charmante,
        Écoute ici
        L’amant qui chante
        Et pleure aussi.
    Tout frappe à ta porte bénie,
    Le rayon dit : je suis le jour,
    L’oiseau dit : je suis l’harmonie,
    Et mon cœur dit : je suis l’amour !
    Ô ma charmante, etc.

Sous la magie de ces accents, le cœur de Marie se fondit ; saisie à la fois de joie, de crainte, d’amertume, elle pleura. Elle se sentait attirée irrésistiblement vers cet homme par les séductions d’une vie supérieure. C’é-