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tres hommes, qui avait besoin d’elle, elle le voyait enfin, pour être heureux. Il s’était trahi un jour que, depuis longtemps assis près d’elle, il tenait sa main qu’elle lui avait abandonnée, et contemplait sous la dentelle un bras blanc et arrondi, comme pour rompre un silence qui devenait embarrassant, il dit tout à coup :

— Pourquoi ne portez-vous pas vos diamants ?

— Je ne les porterai point, répondit-elle, ne sachant pas qui me les a envoyés.

— Portez-les pour l’amour de moi, je vous en prie.

— Ah ! c’est donc vous ? C’est bien mal.

— Non, mais c’est inutile ; vous n’avez pas besoin de parure, et vous dédaignez mon souvenir.

— Cela n’est pas, vous le savez bien, reprit Marie ; j’ai promis à mon mari de ne pas recevoir de cadeaux, et celui-là comme les autres…

— Oui, celui-là comme les autres, assurément, interrompit le vicomte avec amertume, et Marie crut voir une larme dans ses yeux.

Le lendemain, quand le vicomte entra chez la jeune femme, il la trouva parée des diamants qu’elle avait mis pour lui seul. Ses remerciements furent si vifs et si passionnés qu’ils effrayèrent Marie. Elle devint inquiète ; elle eut peur. Une fièvre lui fit garder le lit pendant quelques jours, et les médecins lui ordonnèrent la campagne.

C’était l’été, d’ailleurs, époque de relâche.