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personnes, auraient eu seulement le temps de leur distribuer ça et là quelques tapes et quelques conseils, et de les empêcher de faire du bruit, c’est-à-dire de remuer. La mère Cadron venait de mourir. C’était grâce à leur père que les trois chers trésors, comme il les nommait, allaient passer de belles matinées au jardin des Tuileries, où ils s’abreuvaient d’air et de soleil, regrettant bien, par exemple, de ne pouvoir se rouler sur le gazon, comme ils faisaient autour de la cabane et ne pouvant comprendre qu’on séparât ainsi le gazon des enfants, et pourquoi faire alors ces grands espaces verts ? Il y avait une chose qu’ils ne comprenaient pas davantage : c’était pourquoi leur mère n’était plus avec eux.

Marie aussi le regrettait… quand elle avait le temps. Mais elle l’avait si peu ! Elle buvait à la coupe des délices de ce monde avec une joie folle. Elle désirait maintenant mille choses qu’elle possédait aussitôt, robes, meubles, dentelles. Elle désira aussi des bijoux : mais elle s’aperçut enfin que le chiffre de la dépense dépassait celui des appointements. Cependant elle n’était pas mise aussi richement que les autres dames de l’Opéra, ses inférieures. Une figurante même portait ces diamants que la prima donna désirait en vain. Marie sut bientôt le mot de l’énigme, et dès lors elle désespéra d’avoir jamais des diamants ; car elle était honnête femme, de cœur et de volonté. Mais ce désir s’aigrit en elle, et lui devint un chagrin. Joseph, qui le devina, lui dit un jour :