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ambition d’autrefois n’eût jamais osé prétendre, lui parurent bien vite mesquins et même indignes d’elle.

Joseph n’allait pas si vite ; il y regardait encore à deux fois avant d’oser s’asseoir dans le fauteuil-voltaire qui l’attendait au coin du feu quand il revenait de sa journée. Il était tout surpris de voir sa femme devenir chaque jour plus élégante de manières et de costume, et ne pouvait s’habituer à la nommer Marie, comme elle l’exigeait. Peut-être avait-il perdu au change, le jeune ouvrier : Marie n’était plus aussi gaie ni aussi douce que Marinette : elle craignait maintenant d’être chiffonnée ; elle reprenait Joseph à tout propos sur son langage ; elle voulut qu’il revêtit l’habit bourgeois à la maison, et refusait de l’embrasser quand il se présentait devant elle avec sa blouse.

Joseph désirait trop de plaire à Marinette pour se tourmenter de ces énigmes, mais il l’eût voulue toute à lui comme autrefois, quand, après avoir couché les enfants, dont le souffle léger accompagnait leur causerie, elle le regardait si doucement et d’un visage si heureux, qu’elle n’avait pas besoin de lui dire plus haut :

— Je t’aime et ne vis que pour toi.

Mais elle avait tant de choses à apprendre, la pauvre enfant ! Rien que la vue de tous ces cahiers couverts de grimoire faisait frémir Joseph ; et il y avait bien là, pensait-il, de quoi changer un peu le caractère. Mais quand elle aurait appris tout ce qu’il fallait savoir,