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où elle renfermait autrefois tous ses désirs, lui semblait maintenant — sans qu’elle se l’avouât bien — trop étroit. Elle se sentait comme arrêtée dans sa marche. Son amour se retirait de son œuvre, avant qu’elle fût achevée. Elle commençait à ressentir des atteintes d’inquiétude et d’ennui.

Sur ces entrefaites, elle reçut un message du pianiste, qui la mandait le lendemain rue du Helder, avec son mari. Ils s’y rendirent, et, dans cette séance mémorable, tout leur sort fut changé. Leur cabane, où ils avaient vécu si heureux pendant cinq ans, fut abandonnée, et ils se logèrent en ville, dans un petit appartement au cinquième, rue Bleue, le plus près possible du Conservatoire, où Marinette devait étudier. Le directeur de l’Opéra prenait leurs frais à sa charge et meublait leur appartement. Ils prirent avec eux la bonne mère Cadron pour garder les enfants et faire la cuisine en l’absence de Marinette, que ses études occupaient toute la journée. Joseph continua de travailler chez son patron.

Les premières études furent d’une immense difficulté pour l’esprit inculte de Marinette ; mais, grâce à sa vive intelligence, elle apprit bientôt à apprendre et fit dès lors de grands progrès.

Comme tous les artistes, en peu de temps, ce fut la gloire qui occupa ses désirs, et vis-à-vis du rêve triomphal, qu’elle portait en elle le petit appartement de la rue Bleue et son modeste mobilier bourgeois, luxe auquel son