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les rues, par les fenêtres ouvertes, des sons à peu près pareils, et savait que c’étaient ceux du piano, mais elle n’avait point vu l’instrument qui les produisait et n’avait jamais entendu rien de si beau. Aussi oubliait-elle complètement qu’elle était venue là sans doute pour autre chose qu’être émerveillée, quand le monsieur qui tenait le piano la pria de s’approcher et lui fit reproduire l’une après l’autre plusieurs notes, puis une gamme entière.

— Eh bien ? dit-il en se retournant vers les autres.

— C’est admirable, charmant, répondirent ceux-ci, une pureté d’intonation, une justesse ! Et quelle fraîcheur de timbre !

L’exercice recommença ; tour à tour, le piano et Marinette chantèrent ; celle-ci reproduisait avec fidélité ce qu’elle venait d’entendre. Cette fois, elle eut dix francs pour sa peine, et on la pria de revenir encore le lendemain.

— Je veux étudier à fond cette voix, avait dit le pianiste.

L’étude dura toute une semaine. Quand Marinette eut cinquante francs dans sa poche, elle n’y tint plus, et entrant résolûment chez un marchand de meubles de la rue Saint-Jacques, elle acheta une armoire de noyer verni.

André LÉO

(La suite à demain.)