Page:Léo - Les Désirs de Marinette.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

décousu par Marinette servit de rideau à la garde-robe des deux époux ; mais cette précaution ne suffisait pas pour empêcher la poussière de se poser sur les vêtements.

Cependant, ils avaient dépensé tout leur argent pour le mariage et l’achat d’un peu de vaisselle. Joseph devait encore à son patron le prix de quelques planches ; il fallait attendre.

Marinette se dit qu’un peu plus tard Joseph recommencerait son travail du dimanche à l’atelier et parviendrait avec le temps à faire une armoire ; mais il était devenu impossible au jeune époux de se lever une minute plus tôt que l’heure obligée, et, le soir, il revenait près de sa femme en courant.

Il ne bougeait non plus, le dimanche, du jardin ou de la maison, ce qui faisait d’ailleurs grand plaisir à Marinette. Pour elle, elle soignait le jardin pendant la semaine, faisait les repas, raccommodait les habits et trouvait encore le temps de ramasser des violettes et du pissenlit, qu’elle vendait à la fruitière. Malgré ce désir d’une armoire qu’elle gardait au fond du cœur, Marinette se trouvait heureuse, et on l’entendait souvent, assise au bord du talus, tout en cousant, alterner sa chanson avec celle des fauvettes perchées dans les arbres, et jeter en l’air de belles notes sonores aussi haut que l’alouette porte son chant.

Cependant, elle mettait de côté l’argent qu’elle gagnait à vendre des herbes, et calculait déjà que, peut-être en deux ou trois ans,