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La mère Cadron, au contraire, n’eut que des objections contre cet amour, à cause de leur pauvreté, Marinette ne gageait rien ; elle n’était pas forte ; Joseph avait, il est vrai, de bonnes journées, mais point d’avances ; les chômages pouvaient venir en même temps que les enfants. Ce qui ne chômait jamais, cependant, c’étaient le loyer et la nourriture. Où prendraient-ils l’argent pour acheter un mobilier ?

Marinette songeait aussi à tout cela et devenait triste. Pour Joseph, c’était un homme de tant de cœur qu’il en avait jusque dans la tête. Il prit un jour son parti, tout seul, et loua pour dix ans une partie de terrain vers l’aqueduc d’Arcueil, près de l’endroit où Marinette, étant petite, aimait à se rouler du haut du talus, où maintenant ils venaient quelquefois tous deux en compagnie de la bonne voisine, s’asseoir à l’ombre des arbres et causer intimement, la main de l’un dans celle de l’autre.

Joseph obtint de prendre dans la carrière, qui est à côté, autant de moellons qu’il voudrait, et le dimanche suivant, sans rien dire à personne, il commença de creuser les fondations de sa cabane. Tous les matins, il se levait deux heures plus tôt pour y travailler. Enfin, il acheta de la chaux, trouva du sable ou quelque chose de pareil près de la carrière et fit chaque jour tranquillement, son petit morceau de maçonnerie. Heureusement pluies ne le dérangèrent pas trop ; pour la pierre de taille, il va sans dire qu’il ne s’en