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Feuilleton du Journal LE PEUPLE
DU 29 AVRIL

LES DÉSIRS DE MARINETTE



Il se jeta aux pieds de la jeune fille et baisa l’herbe foulée par ses genoux et sa robe, oubliant si bien dans ce transport qu’il se trouvait au bord d’une chute de douze mètres, que Marinette eut peur, et le saisit par la main en s’écriant. Mais il s’étonna de sa crainte.

— Est-ce que je puis tomber ? disait-il ; n’ayez pas peur. Et quand même je tomberais, Marinette, je suis bien sûr que je n’aurais pas le moindre mal. Je ne crains rien maintenant ; il ne peut plus m’arriver malheur.

Il le croyait comme il le disait, et vraiment si l’on reconnaît un Dieu pour les fous et pour les ivrognes, à plus forte raison doit-il y en avoir un pour les amoureux.

Joseph était si heureux, que sa figure le disait à tout le monde ; et, pour Marinette, elle avait le coeur si plein et si transporté, qu’elle sentit bien que ce jour-là était le plus grand de sa vie.

Elle aimait Joseph sincèrement : aussi se rappela-t-elle toujours les émotions de celle journée.