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et la misère ? J’aime bien Marinette ; mais il lui faut un autre mari que mon Joseph comme il a besoin d’une femme qui ait quelque chose en dot.

— Vous en direz ce que vous voudrez, reprit la voisine, qui avait été jeune et avait ses idées sur l’amour, mais il est clair qu’ils s’aiment et que toutes vos raisons n’y feront rien. Voyez-les, comme ils sont tout occupés l’un de l’autre, sans qu’ils osent en avoir l’air.

— Et moi, je vous dis que ça serait un malheur, dit la mère. Mon garçon n’a que sa journée : Marinette n’a rien ; elle n’est pas forte non plus : elle est toute mince et mignonne, et que ferait-elle une fois mariée ? qu’il lui faudrait tout supporter, le ménage, les enfants, les soucis… Non, non, elle mettrait mon Joseph en peine.

Les deux jeunes gens ne se doutaient point qu’on parlât d’eux ; et, pour mieux dire, ils n’avaient de tout l’univers d’autre aperception que celle du chemin où ils marchaient l’un auprès de l’autre ; ils parlaient ; mais en songeant à autre chose qu’à ce qu’ils disaient ; Joseph, lui, qui passait pour si beau conteur, essayait, sur la demande de Marinette, de lui rendre compte d’une histoire du Journal pour tous ; mais il s’en tirait fort languissamment, et la fillette semblait ne pas s’en apercevoir. Cependant, quand il s’arrêta tout à coup dans sa narration, elle dit :

— Eh bien ?

C’était à un moment fort intéressant ; le héros, après avoir défait à lui seul