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aux ruisseaux, ballant les buissons pour en faire sortir les oiseaux et les lapins, ou même faisant des rous dans le sable.

Ils étaient heureux ainsi comme deux camarades, chacun pour son compte, car si l’un était grand et gros et l’autre petit, c’était pourtant la raison de l’enfant qui semblait la plus âgée ot qui les guidait tous deux ; et tandis que Jean ne comprenait rien aux idées des grandes personnes, il entendait très bien tout ce que l’enfant, de son gentil esprit et de sa douce voix, lui traduisait en soa langage. Aussi la vraie joie du pauvre Jean était-elle ce petit garçon, qui avait toujours quelque chose à lai demander, à lui dire, et qui seul en ce monde paraissait avoir besoin de lui.

Quand ils revinrent, au soir, bien contents de leur journée, ils s’aperçurent qu’ils avaient oublié la dinde couveuse et la virent toute malade et penchant le cou, parce qu’elle n’avait eu de toute la journée ni à boire, ni à manger. Cela les chagrina fort, et ils se hâtèrent d’y remédier avant l’arrivée de la ménagère.

— Laisse-moi faire, dit Jean au petit. Je vais bien réparer la chose ; elle aura à manger, non pas pour deux fois, mais pour quatre.

En effet, il lui présenta une grande quantité de nourriture ; mais il la vit manger languissamment, et s’arrêter peu après.

— Oh ! oh ! dit-il, ce n’est pas ainsi que je l’entends. Il te faut manger ce soir pour toute la journée, el je t’y forcerai bien.

Ouvrant donc le bec de la pauvre bête, il la bourra tant qu’une heure après, il la trouva morte, étouffée.

— Eh bien ! s’écria-t-il, on va dire encore que c’est de ma faute ! Il est certain pourtant que manger fait vivre ; par conséquent, elle n’aurait pas dû mourir, Mais