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FEUILLETON DU TEMPS
DU 27 MARS
CONTES POPULAIRES

JEAN LE SOT[1]

C’était pour Jean un grand plaisir que d’aller à la foire ou au marché. Les choses qu’il y voyait lui semblaient les plus belles du monde ; un charlatan avec ses verroterie, ses papiers dorés et sa musique, représentait pour lui quelque chose comme une majesté royale, et il éprouvait à cet égard le même sentiment que des dorures plus épaisses et des pierres plus brillantes inspirent à d’autres bonnes gens. Ce jour-là, quand il fut sur le champ de foire, après avoir déchargé sa laine, il se mit donc à regarder tout autour de lui, de cette mine épanouie et de ces gros yeux ébahis, qui le faisaient tout de suite reconnaitre pour ce qu’il était.

— Eh ! dites donc, l’ami, voulez-vous que nous échangions quelques livres de mon plomb pour quelques livres de votre laine ? lui demanda, pour plaisanter, un marchand qui était à côté de lui.

Jean se tourna vers le marchand de l’air d’un homme à qui l’on fait une proposition sérieuse et répondit :

— Je vous remercie ; mais j’ai eu déjà

  1. Voir le feuilleton des 19, 20, 24 et 20 mars.