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puissance et imposera ses conditions. Car il est le pouvoir spirituel, et il sait bien, quoiqu’il en dise, que l’esprit et le corps ne font qu’un.

Toutefois, ne nous exagérons pas sa puissance ! Il est la mort, et nous sommes la Vie ! La force morale est de notre côté. Lui céder, c’est-à-dire le conserver encore, serait lui sacrifier la République. Il faut choisir entre Elle et lui.

Nous sommes à une époque où, par la force des choses, tout en est à devoir changer de fond en comble. Il nous faut passer de l’autorité divine implacable à la fraternité humaine ; de l’inégalité à la justice, de la force brutale à la douceur. C’est une évolution à faire pour continuer sainement et heureusement notre grande Révolution ! Que les hommes sérieux et de bonne volonté se chargent de cette mission sublime, à la fois, énergique et délicate ; ils trouveront des appuis dévoués ! Pour cela, il suffit que les servants de la religion nouvelle — de la religion de l’Humanité — en soient pénétrés eux-mêmes ; qu’ils ne tombent pas dans les violences qui tuèrent, pour plus d’un siècle, notre Révolution, si magnifique dans son premier essor ! Il faut pour cela nous débarrasser de nos ennemis intérieurs. Il faut que le Dieu des tonnerres et des éclairs du Sinaï, le Dieu de la guerre et de l’Enfer, se retire pour toujours en son tabernacle, et cède la terre à celui qu’il a égaré et tourmenté depuis tant de siècles : l’Individu humain, le simple travailleur !

Au nom du respect de nous-mêmes, au nom