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qui nient Dieu, ou qui ne partagent pas ses vues sur l’homme.

— Tu es libre ! disent la Nature et la Conscience. Fais ce que tu veux, pourvu que tu ne nuises à personne, et que tu te respectes toi-même.

— Obéis ! dit l’homme noir. Tu n’es que le serviteur de Dieu. Et c’est à moi qu’il t’a confié, pour que je t’enseigne tes devoirs. Abdique tes instincts et tes affections ! Sois entre mes mains comme un cadavre. Et combats avec moi par le fer et le feu, par la délation, par le mensonge, par tous les moyens, l’Humanité rebelle qui sert le démon. »

Ne leur parlez pas de justice ! Il faut qu’il y ait toujours des pauvres, parce que, ignorant et faible, le peuple leur appartient. C’est leur réserve ; réserve d’ignorance et de crédulité, dont ils usent aux bons moments ; et dont ils abusent depuis la moitié du siècle.

Cependant, ils ont eu beau faire, ces prêtres ; ou plutôt ils ont tant fait, que l’homme, en dépit d’eux et par eux, émancipé, s’est demandé enfin :

« Mais, qu’est-il donc, ce Dieu, qui semble destiné à nous continuer les vices de la barbarie ? Pourquoi nous inflige-t-il l’injustice et l’inégalité, érigées en société prétendue ? Pourquoi délégue-t-il ses pouvoirs aux riches et aux grands, qui nous écrasent ? Pourquoi s’applique-t-il à combattre les lois de la Nature, sa propre création, à ce qu’on affirme ? Qu’est-ce que cet être étrange, seul dans l’Univers, sans pareils, sans amis, n’ayant que des inférieurs ? Cet être qu’on ne peut voir, que nul