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C’est ainsi qu’arrêtée dès ses premiers pas, l’Humanité subit une déviation, un retard immense, de quelque huit mille ans.

Ce fut le coup mortel qui la sépara de l’exercice de sa raison, et par conséquent des progrès qu’elle eût pu faire par ses propres forces. Ayant en Dieu la toute-puissance et la connaissance suprême, elle se reposa de tout sur lui. Les prêtres organisèrent leur forteresse : la hiérarchie ; l’échelle sur laquelle ont paradé tant de pitres et tant de bourreaux ! L’Humanité esclave n’exista plus que par ses grands, qui nous firent l’histoire miraculeuse et barbare, encore en usage dans notre enseignement. Et pendant les quelques siècles, esquissés ou connus, de sa durée, l’homme n’avança plus qu’à tâtons, empêché de toutes parts, occupé de guerres incessantes. Ce qu’il sut le mieux fut de tuer et mourir.

Toutefois, l’oisiveté des prêtres ne fut pas toute hiératique : ils étudièrent l’astronomie, les époques de la nature, l’agriculture, les propriétés des plantes. Ils élèvent des monuments, font des lois, la plupart de domination et de châtiment ; quelques-unes plus intelligentes. Ils ébauchent les arts, que les républiques développeront, ainsi que les lettres et la philosophie. Mais la base principale des choses est celle-ci : la masse des humains doit rester serve et misérable. Elle pioche la terre, manie le marbre et la pierre ; elle sert et nourrit les grands, guerroie, s’agenouille devant les trônes et les autels.

Le progrès et la science ne marchent qu’avec la