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science, pour ne pas tomber dans l’abrutissement. D’autres plus faibles lourdement succombent. Qui fait l’ange tombe dans la bête, et plus bas — s’il est permis de modifier le mot de Pascal. Dans ce siècle désabusé des religions divines, le sacerdoce, mis en dehors de la famille, achève d’être une monstruosité, et le représentant de Dieu, parfois, trop souvent, devient un objet légitime de haine et de mépris, un danger public !…

Un prêtre, intelligent et sensible, est nécessairement très malheureux. Un prêtre grossier est le pire des malfaiteurs, une honte sociale. On en voit, parmi les premiers, au temps où nous sommes, plusieurs quitter le sacerdoce, et même avoir le courage de dénoncer hautement le piège dans lequel ils sont tombés. Mais, vu la lâcheté générale, créée par la résignation chrétienne, par l’habitude, par la peur, ils courent bien des périls, et rencontrent peu d’appui. Beaucoup de ces infortunés seraient sauvés par la séparation de l’Église et de l’État.

Mais ceux-ci ne sont que l’élément populaire, les parias de la cité sacerdotale. Pour ceux de la haute hiérarchie, il en est tout autrement. Ceux-là ne sont pas obligés d’observer les règlements, et sous le couvert de leur luxe et de leur Grandeur, ils agissent à l’aise ; orgueilleux par excellence, politiques entêtés, farouches ; animés, en présence du scepticisme général, qu’évidemment ils partagent, d’une animosité passionnée ! Ils font face au courant, armés de la massue de l’évêque anti-albigeois ;