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il parle à tous et leur distribue des sentences pieuses. Il n’a et ne doit avoir d’intimité avec personne. Cependant il voit plutôt les bourgeois, puisqu’il a étudié au séminaire, et il parle d’un ton protecteur aux pauvres qui se plaignent à lui. Hélas ! cet agent de Dieu est pauvre lui-même ; il voit des misères qu’il ne peut soulager, et ne peut qu’enseigner la résignation aux souffrances, que Dieu récompensera un jour. A-t-il du cœur, il souffre pourtant de voir ces malheureux sans secours ; mais s’il s’adressait à la bourgeoisie qui n’est pas donnante, il serait indiscret !…

Ne craignez rien, il ne passera pas au socialisme ! Il le déteste par vocation, comme l’égalité ! L’aumône est la rançon… des riches. Et le Paradis arrangera tout plus tard.

Le prêtre est seul, et il doit l’être toujours. Gare à lui, s’il s’attarde en quelque maison de gens de cœur, qui l’assisteraient volontiers dans ses bonnes œuvres, surtout s’il s’y trouve quelque jeune fille, ou femme pas trop mûre ! La moindre familiarité serait sa honte ! Peut-être sa perte ? Son émotion serait devinée. Il serait dénoncé, ou calomnié ? Et s’il s’attachait réellement, il faudrait fuir, emporter son cœur, ou plutôt l’étouffer à jamais !… Le prêtre doit appartenir à Dieu seul… Eh ! sans doute !… Il le sait bien !… Mais toujours muet, que veut-il, ce Dieu ?.. A-t-il pitié ?… Oh ! si l’on pouvait entendre seulement un mot, un signe, un souffle… — Il y avait des miracles autrefois ?…

Il en est qui se jettent désespérément dans la