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Toutes les religions ont cette toquade, assez fâcheuse, de contempler obstinément le Ciel, sans daigner abaisser leurs regards sur la Terre — du moins en principe. — La religion est tout pour l’Humanité ; si bien que l’Humanité n’est rien pour elle-même. L’homme n’a rien de sacré pour l’homme !

Dans la première période de l’histoire, on voit les rois — même les reines — quand ils ont suffisamment pressuré leurs peuples, se mettre à leur tête pour les conduire au pillage des peuples voisins. Il va sans dire que pillage implique massacre. L’histoire n’est guère autre chose que la nomenclature de ces ruées et de ces bouleversements, accompagnés des noms glorieux, désormais consacrés, des grands tueurs, que nous inscrivons pieusement dans notre mémoire et dans celle de nos enfants. Dans l’Asie Mineure, en Afrique, en même temps que s’effondrent, ou s’élèvent, les grands empires, les autels ruissellent de sang humain et les prêtres des temples donnent le spectacle de furieuses orgies. Les druides, en Gaule, et probablement toutes les religions antiques, sacrifient des victimes humaines à leurs Dieux. La Bible, fameuse en égorgements, n’épargne ni femmes, ni enfants. Rome épand sur le monde son champ de bataille et finit par s’égorger elle-même. On se poignarde au Sénat et sur la place publique ; de l’esclave, du prisonnier, on fait des gladiateurs. Et quand les hommes manquent, on s’en prend aux animaux : lions, éléphants, tigres… spectacles dignes des