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confondent, il reste encore, malgré tout, un peu de sang pur, un peu de respect et de sentiment humain parmi les hommes. Le phénomène puissant de la conscience grâce auquel l’indignation du crime produit l’amour de la vertu, et l’horreur enfante une pitié énergique et vengeresse, éclate sur les ruines mêmes du charnier romain. Le mouvement grossit, se répand, déborde. Le peuple, la femme, l’enfant, le pauvre, ont été foulés aux pieds, huit siècles durant !… On les relève, on les groupe, on leur offre des asiles, des vêtements, des banquets, où ils sont servis par les riches eux-mêmes ! L’enfant est choyé ; le malade guéri ; l’homme et la femme fraternisent — Après tant d’oppression et de barbarie, c’est un élan de communisme, de vraie religion humaine !… — On dit que le monde va finir ?… Eh bien, assez d’horreurs criminelles ! Soyons purs et bons au regard de l’éternelle Justice ! L’esclave vaut le maître ! Et bien plus, car il a souffert !

Des philosophes, revenus de l’Orient, prêchent le Boudhisme, l’immortalité des âmes purifiées. Des hommes pieux, qu’on appelle bien à tort les pères de l’Église : Saint-Chrysostôme, Saint-Grégoire de Nazianze, etc… foudroient les excès des riches et des puissants, parlent de l’égalité des hommes, et prêchent un ordre nouveau, qui n’est autre que le socialisme, la fraternité effective des humains.

Il y eut des scandales, affirme-t-on, entre ceux qui s’appelaient frères et sœurs. Le socialisme actuel a vu s’élever contre lui des accusations pa-