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mal). Ils prêtent leur aide aux héros dans l’embarras, sont amoureux des femmes, et mêlent volontiers les deux races, témoins tant de Demi-Dieux. Leurs prêtres sont fonctionnaires de l’État, soumis à l’élection populaire, époux, pères et citoyens. Grave différence avec les nôtres !

N’oublions pas cependant qu’en Grèce, Socrate but la ciguë. Ce n’est du moins qu’un fait isolé dans cette Grèce philosophique.

À l’époque des Césars, quand sombra la vieille Rome, envahie de toutes parts et sous toutes les formes par les nations qu’elle avait soumises, l’esprit âpre de l’Orient la pénétrait. À force de consommer des légions dans l’éternelle guerre, elle s’était vue contrainte d’armer pour sa propre défense les peuples vaincus. Après avoir pillé la terre entière, elle avait noyé dans l’excès des richesses toute sa force et sa vertu. Maîtresse du monde connu, elle était tombée sous le joug plus ou moins indigne des Empereurs.

Les vieux soldats romains, las de guerroyer, absents de leurs foyers depuis des lustres, veulent enfin goûter les délices de la ville souveraine qu’ils ont enrichie — tandis que les légions barbares, au service de Rome, veulent, à leur tour, gouverner leurs vainqueurs ; et ramènent de Gaule ou de Pannonie, des empereurs élus par elles, qu’elles intronisent. De Tibère à Caligula et Néron, de Julie à Messaline et Agrippine, Rome épouvante le monde de ses meurtres et de ses débauches.

Dans ce gouffre central, où toutes les nations se