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d’infuser, depuis tant de milliers d’années, l’insanité native des primitifs dans le cerveau des hommes d’aujourd’hui ?…

L’homme naît enfant, le cerveau débile ; mais plein d’innéités qui ne demandent qu’à se développer en pleine lumière ; et nous, majeurs, mais infestés déjà par l’opération infâme, légers, inconscients pour la plupart, dans le flux de contradictions qui nous entourent, ne laissons-nous pas souiller la page blanche et pure des cerveaux enfantins qui nous sont confiés, par la tache d’ombre, indélébile, de l’époque barbare — qui les engourdira peut-être à jamais ?

Le mutisme des Dieux avait enfanté les prophètes et les prêtres. Ceux-ci, pour se rendre plus sacrés, et presque invisibles aux yeux du vulgaire, se retirèrent dans les temples, et firent choix d’un agent extérieur, nécessaire pour conduire le peuple, et faire exécuter leurs desseins. Ils le prirent dans l’ordre des guerriers, seconde classe de l’État. Au-dessous des temples, ou à côté, se voit le palais du roi, entouré des guerriers, qu’il conduit au besoin à la défense ou à la conquête, et qui forment sa cour, avec les principaux de l’État : généraux, ministres, princes, conseillers, favoris, juges, administrateurs, courtisans, visiteurs illustres. Là, circule et parade tout privilégié de naissance, tout intrigant habile, tout chantre divin ; les serviteurs distingués qui approchent le roi, qui exécutent ses ordres, et transmettent ses commandements. Toute une aristocratie ! — Au-dessous de ceux-là, dans