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Kautsky s’indigne également de ce que la constitution soviétiste prive des droits électoraux ceux qui « emploient des ouvriers salariés dans un but de profit ». « Un travailleur à domicile ou un petit patron qui occupe un apprenti peuvent vivre et sentir en vrais prolétaires, ils n’ont pas le droit de vote » (p. 36).

Voilà une brèche à la « démocratie pure ! » Voilà une injustice ! Jusqu’ici tous les marxistes supposaient, ce qui est confirmé par des milliers de faits, que les petits patrons sont les plus malhonnêtes et les plus impitoyables exploiteurs des ouvriers, salariés, mais Judas Kautsky parle, naturellement, non pas de la classe des petits patrons (qui donc a imaginé la funeste théorie de la lutte des classes ?), mais des individus, des exploiteurs qui « vivent et sentent en vrais prolétaires ». La fameuse « Agnès économe », qu’on croyait morte depuis longtemps, est ressuscitée sous la plume de Kautsky. Cette fameuse Agnès économe a été créée et mise en vogue il y a quelques dizaines d’années, dans la littérature allemande, par le « pur » démocrate bourgeois Eugène Richter. Ce dernier a prédit les malheurs effroyables qui résulteraient de la dictature du prolétariat, de la confiscation du capital des exploiteurs ; il a demandé avec candeur ce que c’était qu’un capitaliste au sens juridique. Comme exemple il a pris une couturière pauvre et économe (Agnès l’économe) que les méchants « dictateurs du prolétariat » dépouillent de ses derniers sous. Naguère encore, toute Ia social-démocratie allemande s’amusait de cette « Agnès économe » du pur démocrate Eugène Richter. Mais il y a longtemps de cela ; c’était quand Bebel était encore en vie et disait tout franchement la vérité, à savoir : dans notre parti il y a beaucoup de nationaux-libé-