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peur de la défaite. Kautsky n’ose pas se rétracter directement. Il en résulte un non-sens qui met à jour toute la sottise et la poltronnerie du petit-bourgeois : d’une part, l’Europe est mûre pour le socialisme et elle s’achemine vers les batailles décisives du travail contre le capital ; d’autre part, défense de transformer l’instrument de combat, c’est-à-dire un organe en train de se former, de se fortifier, de se tremper dans la lutte, l’instrument de combat du prolétariat, avant-garde, organisateur en chef des opprimés, en organisation d’État !

Au point de vue politique pratique, l’idée que les Soviets sont nécessaires comme organisation de combat, mais ne doivent pas se transformer en organisations d’État, est infiniment plus absurde encore qu’au point de vue théorique. Même en temps de paix, alors qu’on n’est pas en présence d’une situation révolutionnaire, la lutte en masse des ouvriers contre les capitalistes, la grève générale par exemple, provoque des deux côtés un acharnement effrayant, une ardeur au combat extraordinaire, la bourgeoisie s’obstine à répéter qu’elle reste et veut rester « maîtresse chez elle », etc. À plus forte raison en période révolutionnaire, quand la vie politique bouillonne, une organisation comme les Soviets, qui embrasse fous les ouvriers, toutes les branches d’industrie, ensuite tous les soldats et toute la population laborieuse et pauvre des campagnes, est amenée par la force des choses, par la marche du combat, par la simple « logique » de l’action et de la réaction, à poser la question de front. Tenter de prendre une position neutre, chercher à « concilier » le prolétariat et la bourgeoisie, c’est une sottise vouée d’avance à un échec pitoyable : c’est le sort qu’ont subi en Russie toutes les prédica-