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ennemi de la classe ouvrière, un mercenaire de la bourgeoisie, pour se complaire actuellement à peindre les charmes de la démocratie bourgeoise et à bavarder sur la démocratie pure, en invoquant un passé qui a fait son temps. La démocratie bourgeoise a été un progrès par rapport au moyen âge et il fallait en faire usage. Mais actuellement elle est insuffisante pour la classe ouvrière. Ce n’est pas en arrière qu’il faut regarder, mais en avant, et la démocratie bourgeoise doit céder son tour à la démocratie prolétarienne. S’il a été possible et même nécessaire d’accomplir dans les cadres de l’État démocratique bourgeois le travail préparatoire à la révolution prolétarienne, à l’instruction et à la formation de l’armée prolétarienne, du moment que nous en sommes venus aux « batailles décisives », renfermer le prolétariat dans ces cadres, c’est trahir la cause prolétarienne, c’est commettre une apostasie.

Kautsky a commis une bévue particulièrement ridicule, puisqu’il répète l’argument de Martov, sans voir que cet argument, chez Martov, s’appuie sur un autre argument, qui n’est pas chez Kautsky ! Martov dit, et Kautsky répète après lui, que la Russie n’est pas mûre pour le socialisme, d’où il découle naturellement : il est trop tôt pour transformer les Soviets d’instruments de combat en organisations d’État (lisez : il est opportun de transformer les Soviets, à l’aide des chefs menchéviks, en organes d’assujettissement des travailleurs à la bourgeoisie impérialiste). Or Kautsky, lui, ne peut pas dire franchement que l’Europe n’est pas mûre pour le socialisme. Kautsky écrivait en 1909, avant d’être renégat, qu’il ne faut pas avoir peur d’une révolution prématurée, que ce serait une trahison de renoncer à la révolution par