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conséquent, l’expression de dictature du prolétariat chez Marx n’a pas son sens littéral, que dictature ne signifie pas application de la force révolutionnaire, mais « conquête pacifique de la majorité sous la démocratie bourgeoise » (remarquez bien cela).

Il faut distinguer, voyez-vous, entre « situation » et « forme de Gouvernement ». Distinction étonnamment profonde, tout comme si nous distinguions entre la situation ou l’état de bêtise d’un homme qui raisonne de travers et la « forme » de sa bêtise !

Kautsky a besoin de présenter la dictature comme une « situation » de « domination » (c’est l’expression qu’il emploie littéralement à la page 21) parce qu’alors disparaît la force révolutionnaire, disparaît la révolution violente. « La situation de domination », c’est une situation dans laquelle se trouve toute majorité sous la démocratie. Grâce à ce tour de bâton déloyal, la révolution disparaît fort heureusement.

Mais la déloyauté est par trop grossière et elle ne Sera d’aucun secours à Kautsky. Que la dictature suppose et désigne cette « situation » de force révolutionnaire qui déplaît tant aux renégats, appliquée par une classe contre une autre, cela crève les yeux. La fausseté de cette distinction entre « situation » et « forme de Gouvernement » est manifeste. Il faut être triplement sot pour parler de forme de Gouvernement, car le dernier des écoliers sait que monarchie et république sont deux formes de Gouvernement, bien distinctes. M. Kautsky a besoin de prouver que ces deux formes de gouvernement, comme toutes les formes de Gouvernement transitoires sous le régime capitaliste, ne sont que des variétés de l’État bourgeois, c’est-à-dire de la dictature de la bourgeoisie !