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puissances ont les mains liées, sont enlisées, sont contraintes à lutter sur plusieurs fronts.

Les actes de Hoffmann sont motivés d’une part par la nécessité d’abattre la république des Soviets, d’autre part il doit faire la guerre sur toute une série de fronts ; en troisième lieu, la révolution croît et mûrit en Allemagne, le général Hoffmann le sait et c’est pour cette cause qu’il ne peut prendre à l’instant Pétrograd ou Moscou. Il le pourra peut-être demain — cela reste possible. Je répète, au moment où l’armée est malade de fait, quand nous nous prévalons de n’importe quoi, pour obtenir un répit, ne fût-ce que pour un seul jour, tout révolutionnaire sérieux qui garde le contact avec là masse, qui sait ce qu’est la guerre et ce qu’est la masse, doit contribuer à discipliner celle-ci, doit la guérir, l’élever en vue d’une guerre nouvelle.

Tout révolutionnaire nous absoudra, il reconnaîtra que la paix honteuse fut nécessaire, ; car elle sert les intérêts de la révolution prolétarienne et de la rénovation de la Russie, parce qu’elle la libère de son organe malade, de cette armée qui se démobilise elle-même. Tout homme sensé comprend qu’en signant ce traité nous n’abandonnons pas notre révolution ouvrière, tout homme comprend qu’en signant la paix avec les Allemands nous ne cessons pas notre lutte. Nous envoyons aux Finlandais des armes et non pas des troupes qui se sont révélées inaptes au combat. Peut-être un jour accepterons-nous la guerre ; peut-être aussi rendrons-nous Moscou, accepterons-nous encore cette épreuve-là ; ou bien peut-être que nous lancerons notre armée à la rencontre des troupes ennemies, quand le redressement qui mûrit dans l’âme du peuple sera accompli ; cela prendra beaucoup de temps peut-être, mais ce moment viendra quand les masses populaires parleront une autre langue que celle qu’elles parlent ces jours-ci. J’ai dû accepter la paix la plus dure, parce que je ne pouvais pas encore dire que ce moment était venu. Quand l’heure de la rénovation viendra, tous comprendront. Jusqu’alors il faut s’abstenir. Il faut faire adopter ce mot d’ordre ; c’est la tâche de notre congrès et de celui des Soviets. Il faut apprendre à travailler dans la nou-