Page:Lénine - La Révolution bolcheviste.djvu/95

Cette page n’a pas encore été corrigée

Si j’accepte la paix, quand l’armée est en fuite et ne peut autre chose que fuir sans perdre des millions d’hommes, je l’accepte pour qu’il n’advienne rien de pis. Un tel traité est-il honteux ? Mais tout paysan et tout ouvrier sérieux m’absoudront, parce qu’ils comprennent, eux, que la paix n’est qu’un moyen de reconstituer ses forces. L’histoire nous dira qui aura eu raison. Telle fut l’histoire de l’Allemagne sous Napoléon. Je l’ai citée bien des fois. C’est avec intention que j’ai appelé cette paix une paix de Tilsitt, quoique nous ne soyons pas allés aussi loin que ce traité-là, qui stipulait que les Allemands devaient prêter leurs soldats au conquérant pour subjuguer les autres peuples. Voilà où en était venue l’histoire, elle y viendra de nouveau, si nous ne faisons que compter sur la révolution internationale. Veillez à ce que l’histoire ne vous impose encore à votre tour cette forme là d’esclavage militaire. Tant que la révolution socialiste n’a pas vaincu dans tous les pays, la République des Soviets court le risque de tomber en esclavage. Napoléon imposa à Tilsitt aux Allemands des conditions de paix outrageantes, inouïes. La paix fut renouvelée à plusieurs reprises. Le Hoffmann de ces temps-là, Napoléon, tapait sur les Allemands quand ils enfreignaient le traité, et Hoffmann va taper sur nous aux mêmes occasions. Seulement, nous tâcherons que cela ne soit pas de sitôt. La dernière flambée de la guerre a donné une leçon amère, douloureuse, mais sérieuse au peuple russe, en lui apprenant la nécessité de l’organisation, de la discipline, de la subordination, de la création d’une discipline exemplaire. Sachons copier l’Allemand dans sa discipline : sans cela, nous sommes un peuple perdu et nous resterons perpétuellement réduits à l’esclavage. L’histoire s’est faite ainsi et jamais d’autre façon. L’histoire nous enseigne que la paix est une trêve entre les guerres, que la guerre est un moyen d’obtenir une paix meilleure. A Brest la relation des forces correspondait à une paix de vaincu, mais non à une paix humiliante, La relation des forces après Pskov correspondait à une paix honteuse, plus humiliante déjà, et la paix qu’on nous dicterait à Piter et à Moscou serait quatre fois plus humiliante