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Telle est l’histoire de cette guerre de onze jours. Les marins et les poutiloviens, qu’il faut inviter au Congrès des Soviets, vous la décriront. Qu’ils racontent la vérité. C’est une vérité bien amère, offensante, douloureuse, humiliante, mais elle vaut toujours cent fois mieux que votre « Communiste ».

Libre à vous de vous enthousiasmer pour la révolution mondiale parce qu’elle viendra quand même. Tout viendra en son temps, et maintenant occupez-vous de la discipline volontaire, subordonnez-vous aux commandement, faites régner l’ordre, obtenez que les ouvriers fassent des exercices militaires, ne fût-ce qu’une heure par jour. C’est un peu plus difficile que d’écrire un joli conte. C’est par cela que vous aiderez la révolution allemande et la révolution internationale. Nous ne savons pas combien de jours de répit on nous laissera, mais ce répit, on nous le laisse. Il faut vite démobiliser l’armée, parce que c’est un organe malade, et entre temps nous soutiendrons la révolution finlandaise.

Oui, certes nous enfreignons par là le traité de paix, nous l’avons enfreint trente ou quarante fois. Seuls les enfants peuvent ne pas comprendre que dans une époque pareille, au début de la longue et douloureuse période de la libération, de ce mouvement qui créa le Pouvoir Soviétique, qui l’éleva au faîte de son évolution, seuls les enfants peuvent ne pas comprendre que la lutte sera de longue durée et qu’on doit la mener avec circonspection. Un traité de paix déshonorant provoque l’indignation, mais quand nos camarades du « Communiste » raisonnent au sujet de la guerre, ils ne font que faire appel au sentiment. « Paix honteuse, inouïe, déshonorante ! » Ils en appellent au sentiment, oubliant que les autres aussi serraient leurs poings et voyaient rouge. Que disent-ils au fond ? Aucun révolutionnaire conscient ne supportera cela et n’acceptera cet opprobre. Ge journal-là s’appelle Le Communiste, mais il devrait s’appeler Le Gentilhomme, car il raisonne du point de vue d’un gentilhomme qui déclare, en mourant l’épée à la main : « La paix c’est la honte, la guerre, c’est l’honneur ! » Ils prennent le point de vue du gentilhomme, et moi je prends celui du paysan.