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nous l’utilisons pour améliorer la défense du pays, ce que nous n’aurions pu faire au courant d’une guerre, parce que si la guerre avait duré, nous aurions eu là l’armée en panique, qu’il aurait fallu arrêter et que nos camarades ne pouvaient arrêter et n’auraient pas arrêtée, parce que la guerre est plus forte que tous les sermons et que dix mille raisonnements. S’ils n’ont pas compris la situation de fait, ils n’auraient pu arrêter l’armée et ne l’auraient pas arrêtée. Cette armée malade contaminait tout l’organisme et nous avons subi une nouvelle défaite inouïe, un nouveau coup de l’impérialisme allemand contre la révolution, parce que nous nous sommes privés à la légère de mitrailleuses. Nous profiterons de ce répit pour convaincre le peuple de la nécessité de s’unir et de combattre ; nous dirons aux ouvriers et aux paysans russes : « Créez une discipline volontaire, une discipline sévère ; sans cela vous resterez sous la botte allemande, vous y resterez jusqu’au moment où le peuple apprendra à lutter et à créer des armées qui ne prennent pas la fuite, mais qui savent supporter des souffrances inouïes ». C’est indispensable parce que la révolution allemande n’est pas encore née, et qu’on ne peut être sûr qu’elle naîtra demain.

Voilà pourquoi la théorie du répit, qui est répudiée par les torrents d’articles du « Communiste », est prônée par la vie même. Chacun voit que le répit existe, chacun en profite. Nous avions supposé que Pétersbourg serait perdu en quelques jours ; les troupes qui marchaient sur la capitale s’en trouvaient à quelques étapes et les meilleurs marins et poutiloviens, malgré tout leur enthousiasme, se trouvaient isolés ; le chaos et la panique furent tels que nous avons fui jusqu’à Gatchina ; enfin reprenant conscience, nous nous sommes mis à « reprendre » le terrain perdu ; un télégraphiste fut envoyé au-devant des troupes, il arrive à une station* se met à l’appareil et télégraphie « Point d’Allemands. Station occupée par nous ». Quelques heures plus tard, un coup de téléphone du ministère des transports m’annonçait ; « La station suivante est occupée. Nous approchons de Yambourg. Point d’Allemands ». En réalité, c’était le télégraphiste qui réoccupait les stations. Voilà ce qui s’est vu.